Dimanche dernier, je vous proposais de remplacer la pyramide managériale par une autre figure : la lemniscate, ce ∞ qui symbolise le mouvement infini entre vision et action.
Je suis en effet convaincue que la séparation solidement ancrée dans les entreprises entre ceux qui pensent et ceux qui font est parfaitement inopérante dans l'environnement actuel.
Sans faire un cours sur le sujet (il est tôt et on est dimanche), cette dichotomie pensée-action est héritée de la philosophie grecque, renforcée par la monarchie puis l'État Napoléonien (j’écrirai prochainement un article sur ce sujet 😉)
Avant, elle était seulement écrasante et exaspérante.
Maintenant, elle est juste obsolète.
Merci à toutes et à tous pour vos réactions, questions et commentaires à l’article de dimanche dernier - qui m’ont inspiré ce numéro de la newsletter de Sam : comment appliquer concrètement ce concept de lemniscate dans le leadership quotidien ?
Dit autrement….Comment ce concept n’est pas juste “perché” mais applicable dès demain matin?
Dans beaucoup d’entreprises, la logique pyramidale reste ultra tenace. Elle se manifeste par :
Ces pratiques donnent l’illusion de l’ordre mais figent la dynamique des équipes, éteignent l’engagement et la créativité, éloignent le pragmatisme et donc l’efficacité (=inscription de la vision dans le réel) du management.
Je veux défendre ici la lemniscate comme modèle de leadership de 2025 et suivantes 😉
Ce n’est pas seulement un modèle abstrait, “bien joli mais théorique” : voyons comment la ∞ peut guider des choix très concrets.
Un dirigeant en mode lemniscate cultive la circulation.
Evidemment, cela demande de la confiance en soi, des qualités relationnelles, une acceptation de la contradiction…
Le milieu de la lemniscate n’est pas un «niveau », mais un lieu critique de traduction vision action et action vision.
La lemniscate implique de mesurer non pas la conformité mais la qualité des boucles de circulation entre le terrain et la vision. On peut imaginer passer d’indicateurs trop nombreux et strictement quantitatifs à des indicateurs d’apprentissage : qu’avons-nous compris de nouveau ? qu’avons-nous ajusté ?
Enfin, le leadership doit valoriser les managers capables de créer des ponts entre les équipes plutôt que de « tenir leur périmètre » 🤢
On peut penser que ma thèse du leadership en lemniscate serait une belle idée - mais difficile (impossible?) à appliquer.
Voici quatre éléments de réponse :
« Ça ne peut marcher que dans les petites structures. »
Faux. Plus l’organisation est vaste, plus elle a besoin de boucles de circulation entre vision et action. Les multinationales les plus performantes organisent déjà ces flux.
« Les gens ont besoin d’une hiérarchie claire. »
Certes, mais ne confondons pas clarté et rigidité. La lemniscate ne supprime pas le rôle du leader : elle le re-définit comme capacité à faire circuler l’énergie et le sens.
Pour répondre à Robin 😉
Un organigramme pyramidal exprime une verticalité et une logique de contrôle. Un organigramme en lemniscate, lui, exprimerait :
Graphiquement, la boucle de gauche représenterait la Vision (CEO, comité de direction, stratégie), la boucle de droite l’Action (équipes, managers de terrain, projets), et le centre le Tactique (traduction, projets transverses, middle management).
Contrairement à la pyramide, il n’y a pas de sommet ni de base : chacun peut circuler selon les besoins et les moments.
Le leadership pyramidal repose sur la verticalité et la rareté du pouvoir.
Le leadership en lemniscate repose sur le mouvement et la réciprocité.
Adopter la lemniscate au quotidien, c’est passer d’une logique de contrôle à une logique d’énergie.
Moins de tableaux, plus de conversations. Moins de sommets, plus de passages. Moins de positions, plus de mouvement.
J’attends impatiemment vos réactions, questions et commentaires !